Comme promis, je commence la trilogie (j’adore ce mot) par le plus menacé: le JAF (juge aux affaires familiales).
Peut-être serait il utile de rappeler que dans notre société d’aujourd’hui, pour la plupart des gens, le mariage n’est pas une affaire d’argent mais bien de sentiments, d’engagement moral. Ce mariage a d’ailleurs lieu devant le Maire dans un cadre solennel.
Il est donc impossible de traiter le divorce comme l’on traiterait d’un simple problème de contrat. C’est d’ailleurs pour cela que le juge chargé du divorce est un spécialiste, le JAF et non un généraliste, (comme l’est par exemple le juge du tribunal d’instance).
Ce juge spécialisé, qui ne traite que des divorces et des séparations, a l’habitude des problèmes spécifiques, des petites mesquineries, des accords bancals, des non-dits.
Lors d’une procédure de divorce (y compris par consentement mutuel), le juge va recevoir seul chacun des époux successivement. Il aura préalablement pris connaissance de l’accord intervenu entre eux et pourra librement interroger chacun sur les raisons qui l’ont poussé à accepter telle ou telle clause et vérifier que les questions fondamentales ont bien été discutées.
Les époux savent qu’ils seront reçus par un juge, l’avocat ou les avocats le savent aussi. Aucun d’entre eux ne souhaite se voir rabrouer à l’audience et être contraint à un report. Ils vont donc avoir à coeur de mettre en place un accord acceptable par le juge.
Ce même juge, fonctionnaire de l’Etat, protégé par un statut particulier, souvent étranger à la région ou il officie, sans aucun rapport financier avec les époux, bénéficie de la confiance du justiciable.
Il est le garant que chacun a été correctement conseillé et a pu trouver dans le cadre d’une négociation équitable des raisons d’accepter un accord transactionnel conforme à l’intérêt de chacun des membres de la famille.
Il est aussi psychologiquement le Juge, cette image psychanalytique très forte de l’instance supérieure, de l’autorité, du surmoi, il n’est pas neutre de vouloir le faire disparaître.